• salut c:

    Je sais pas si j'en ai déjà parlé ici mais je suis insomniaque. J'ai jamais consulté pour ça mais les faits sont là de toute façon : il est rare que je dorme une nuit complète. Soit je mets du temps à m'endormir, soit je me réveille beaucoup trop tôt sans réussir à retrouver le sommeil après. Triste vie, même Morphée ne me veut pas dans ses bras. Ça arrive par période, souvent quand il fait chaud ou que je ne suis pas bien moralement. Je m'en plains pas, perso j'aime bien rester éveillée la nuit, ça m'inspire, même si, du coup je passe mes journées à rattraper mes nuits. (Mon prof de philo, mon prof de littérature et mon prof d'histoire sont pas super contents que je dorment pendant les cours mais passons). Dans cet article je ne vais pas m'étaler sur mes problèmes de sommeils mais plutôt sur ce qu'ils engendrent. 

    Comme je l'ai dit plus haut, je suis très créative la nuit. Surement à cause de la fatigue, ou peut être du silence mais c'est pas la question. La nuit, je pense trop. (C'est peut être ça qui m'empêche de dormir mais dès que je me dis "ne penses à rien" je pars sur le sujet "mais rien c'est quelque chose, est-ce que rien c'est vraiment rien ?" et j'en ai pour des heures.) Je réfléchis à tout un tas de trucs, mon avenir, la vie en général, le temps, la mort, la raison de mon célibat (ça j'essaye de ne pas trop y penser parce qu'après je suis triste), l'amour etc... Mon problème c'est que je me pose moi même des questions auxquelles je n'ai pas la réponse et chercher ladite réponse me garde éveillée. 

    J'ai donc décidé, à travers une série d'articles, de répondre à mes propres questions que je me pose à moi même seule dans mon lit la nuit et qui m'empêchent de dormir. C'est beaucoup trop long comme intitulé et je doute que ce soit grammaticalement correct alors on va appeler ça : "my 3am thoughts" (c'est toujours plus profond en anglais).

     

    1 : est-ce que la "toi de 8 ans" serait fière de ce que tu es devenue ?

     

    Oui. Et non. Ouais, ça nous avance pas. 

    La Weana de 8 ans avait tellement d'attentes qu'il est impossible que, 9 ans plus tard, j'ai tout accompli. 

    A 8 ans, je voulais devenir paléobotaniste. Vous ne savez pas trop ce que ça veut dire ? Moi non plus. Il me semble que c'est l'étude des fossiles de plantes et je me suis vite rendue compte que, malgré mes excellents résultats en SVT, les sciences c'était pas pour moi. En réalité je voulais faire ce métier parce que ma meilleure amie voulait le faire aussi. C'était la pire raison du monde et je suis bien contente d'avoir abandonné l'idée.  

    A 8 ans, j'étais influençable, naïve et trop gentille. Outre le fait d'avoir un projet de carrière qui n'était pas vraiment le mien, ça m'a valu de subir du harcèlement scolaire. Pendant une courte période, certes, mais du harcèlement quand même. J'ai réalisé que bien plus tard que les insultes, les coups et les petits actes purement méchants et gratuits portaient un nom et j'ai mis beaucoup trop de temps à en parler. A vrai dire je ne sais pas si mes parents sont aujourd'hui au courant de ce que j'ai subi. Et pour ça, la moi de 8 ans ne serait surement pas très fière

    J'ai quand même arrêté d'être naïve et ça c'est un bon point. Je suis même devenue carrément l'inverse et j'ai tendance à me méfier de tout mais en y réfléchissant bien c'est pas plus mal. Ça me cause juste des insomnies et de l’anxiété. Ouais, c'est pas si bien que ça enfaite. Je pense être toujours un petit peu influençable même si j’essaye plus d'influencer. J'essaye, c'est déjà pas si mal, non ? 

    La moi de 8 ans se voyait en couple avec un gars de son lycée. (Comme dans High School Musical parce que la moi de 8 ans était beaucoup trop à fond sur Zac Effron.) Désolée mais toujours pas, ma dernière relation remonte à presque deux ans, c'était très cool mais j'ai pas retenté l’expérience depuis. En même temps à part un gars qui allègrement explosé mon cœur par terre, l'occasion ne s'est pas représentée. Et puis j'aime les filles aussi. C'était pas vraiment dans mes plans mais je suis sûre que ça n'aurait pas dérangé la petite moi. (Elle était déjà vachement ouverte d'esprit pour son âge la gosse.)

    La moi de 8 ans avait une seule peur (en plus celle de voir son chat mourir): être séparée de sa meilleure amie. Mon chat est mort l'année suivante, j'ai beaucoup pleuré jusqu'à ce que j'adopte le suivant mais je garde sa photo au dessus de mon bureau et de mon lit. Pour ma meilleure amie, on ne s'est jamais séparées. L'année prochaine, ça fera quinze ans qu'on se connait et même si on est dans des établissements scolaires différents, on est toujours ensemble (à distance mais vous avez compris). La petite moi n'avait surement pas envisagé les choses comme ça mais je suis sûre que ça lui convient

    La moi de 8 ans voulait une chambre de princesse. Je sais pas trop ce que ça veut dire, je pense qu'elle non plus. Peut être un endroit où elle se sente vraiment bien ? Si c'est ça c'est chose faite : ma chambre est beaucoup trop cool, c'est pour ça que je ne la quitte jamais

    La moi de 8 ans voulait bien s'entendre avec sa grande sœur. (Ou la tuer, ça dépendait du moment où on lui posait la question). La moi de 17 ans n'a jamais été aussi heureuse de ne pas être enfant unique. (enfin, ça dépend toujours du moment). 

    La moi de 8 ans voulait être célèbre comme Hannah Montana. La moi de 8 ans avait déjà de très bonnes références. Aujourd'hui je passe plus de temps devant Netflix que devant mes cours donc pour la célébrité ça s'annonce compliqué. Je verrais à 25 ans. 

    La moi de 8 ans voulait pouvoir dormir sans son doudou. La moi de 17 ans voudrait pouvoir dormir tout court mais pour le coup j'ai toujours le même doudou, c'est devenu mon compagnon d'insomnies. (Et je suis toujours intimement convaincue qu'il est un peu vivant et qu'il bouge quand je dors. Sauf que vu que je dors pas, bah il bouge pas.)

    Au final je ne sais pas vraiment si la moi de 8 ans serait fière de la moi de 17 ans. La raison pour laquelle j'arrive pas vraiment à répondre c'est qu'il y a une tonne d'objectifs que j'ai laissé tomber en grandissant ou qui ont changé. D'un côté c'est triste mais de l'autre c'est peut être pas plus mal. Enfin je pense. Merde. Nouvelle question : est-ce que la version rêvée de la moi de 17 ans par la moi de 8 ans aurait été aussi épanouie que moi aujourd'hui ? 

    Je sens que je vais pas dormir cette nuit non plus.

    Wea'

     

     

     

     

     


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  • hey c:

    Normalement je devrais être entrain de passer mes épreuves d'admissions sur internet pour une école mais j'ai pas de webcam sur mon ordi donc je peux pas le faire. Cette anecdote est pas du tout utile mais ça me donne une excuse valable pour repousser le moment où je devrais le faire et ça c'est vachement bien (j'entends ma mère qui râle à propos de ça dans mon salon x)).  Je reviens ici pour vous présenter mes favoris de février (et un peu de décembre et janvier aussi) telle une youtubeuse lifestyle que je ne suis pas. Cette fois-ci j'ai rajouté des catégories, en espérant que ça vous plaise. Bonne lecture :)

     

     m u s i q u e : 

     playlist : feel.mp3 

    C'est une playlist crée par Nathalie Lynn (c'est une jeune youtubeuse anglophone) constituée de chansons qui ont, je cite, "touchées son âme et avec lesquelles elle a trouvé une connexion profonde". (ça rendait mieux en anglais x)). C'est des chansons et des mélodies douces, super chill et très jolies et je sais pas si elle touchent mon âme mais en tout cas elle me relaxent et me font chialer quand j'en ai besoin. 

     

    conan gray : lookalike

    Conan est un youtubeur americain qui est aussi chanteur. Il a fait notamment la première partie du groupe panic! at the disco, c'est pour dire à quel point il est bon. En plus d'être une personne vraiment inspirante et un dessinateur hors pair, il a récemment sorti un EP: Sunset Season. L'une de mes chansons préférées de cet EP c'est lookalike. J'adore les paroles et l'aspect mélancolique de la chanson: perso je m'imagine en road trip, les fenêtres ouvertes avec un coucher de soleil quand je l'écoute. Je vous avoue que je m'identifie beaucoup au texte donc ça joue un peu.

     

    tate mcrae : dear parents

    Tate Mcrae est une youtubeuse et danseuse américaine qui écrit aussi des chansons à ses heures perdues. Dear Parents est donc une chanson originale qu'elle a composée et écrite. Ça parle de la relation d'une ado avec ses parents et du fait qu'ils ont du mal à la comprendre. La mélodie est simple mais très jolie, Tate chante très bien et à une jolie voix mais ce qui me plaît tout particulièrement c'est le texte. Personnellement je m'identifie aux paroles et en lisant les commentaires de la vidéo j'ai vu que j'étais loin d'être la seule. Par exemple elle dit : "je déteste quand vous dites que je dramatise, que je suis immature juste parce que je ne veux pas parler. [...] Je promets que je pense et "surpense" beaucoup trop" et c'est vrai. 

     

      c o m p t e s   i n s t a g r a m  

     

    favs fevrier

    @hi.ur.beautiful

    C'est un compte qui prône l'acceptation de soi, le body positivity et qui fait du bien. Vraiment quand tu as ce genre de posts qui apparaît dans ta timeline, entre deux selfies de meufs que tu peux pas voir en peinture mais que tu jalouse un peu quand même, bah ça te fait sourire et c'est vraiment cool.

     

    favs fevrier

    @whitemarket

    C'est pas du tout le même genre que le compte insta du dessus mais c'est bien, vous voyez à quel point j'aime des trucs totalement différents. A la base whitemarket c'est un site de vetements vraiment cools (bien qu'un peu cher pour ce que c'est) et leur instagram l'est tout autant. Entre deux photos de tenues y'a des memes ou des photos drôles et c'est ça que j'aime bien. 

     

     l i t t e r a t u r e 
    (c'est un bien grand mot étant donné que c'est des fictions wattpad que je vais présenter)

      

    nos smiles bridés :

    Je vous avoue que j'ai commencé à lire cette histoire que très récemment et que je n'ai lu qu'un chapitre du coup (car ils sont longs). Mais je suis tombée sous le charme de ce que j'ai lu donc je voulais le partager ici. "Jade rentre en Terminale. Après s'être cherchée toute son adolescence, peut-être qu'elle s'est enfin trouvée dans cette foule de monde. C'est simple, elle croque la vie avec audace, tout en plissant les yeux et en arborant un de ses fameux smiles bridés.".  Ça parle de vie quotidienne et de problèmes d'ado sans être cliché: le personnage principal est original (on en manque cruellement sur wattpad malheureusement) et l'auteure à un style d'écriture magnifique

    oublie les étoiles :

    Du même auteur que la fiction précédente, des dialogues super beaux et poétiques entre deux meilleurs amis (ou un peu plus ?) qui se rappellent des moments de leur vie en regardant les étoiles. Les chapitres sont assez courts mais bordel que c'est beau.

    ses mots pour elle :

    Si vous avez jeté un coup d’œil au pseudo vous devez penser que je me fous de votre gueule. Et bien non. (si un peu quand même parce que c'est carrément de l'auto promo.) "Ses mots pour elle" est une fiction que je suis entrain d'écire en ce moment et qui n'est pas (encore) dispo sur wattpad. La raison pour laquelle je ne la mets pas en ligne c'est que je veux être sûre de la terminer avant de la poster parce que je sais d’expérience que j'ai tendance à pas finir ce que je commence. Dans ce cas là, pourquoi mettre ça ici me diriez vous ? Déjà parce que j'en suis vachement fière et surtout parce que j'ai besoin de vos avis. Du coup si vous cliquez sur ce lien vous pouvez lire en avant première et en exclusivité les premiers chapitres de cette fiction et, même si ça ne vous plaît pas, me donner vos avis, vos conseils etc par commentaire ou par mp. Je vous mets le petit résumé pour que vous sachiez dans quoi vous vous embarquez : "Elle a trouvé son cœur brisé sur clé USB dans les objets trouvés. Et à travers ses mots, il a trouvé le sien."


     

     J'ai rien d'autre à ajouté à part que j'ai changé de thème (en espérant qu'il dure plus que deux mots celui-ci). 

    La bise, 

    Wea.


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  • Je rentrais chez moi deux heures après, entre temps mes parents étaient partis et Luke était rentré. Ce dernier déboula dans ma chambre et s'écrasa sur mon matelas en soupirant. 

      — Je sais pas quoi mettre pour ce soir. 

    Je roulais des yeux depuis ma chaise de bureau, pire qu'une fille.

     — En quoi ça me concerne ?

    Il se redressa et jeta un coup d'œil autour de lui comme s'il découvrait ma chambre avant de répondre avec un ton de gosse capricieux:

    — Tu veux pas m'aider ?

    — Je te rappelle que la dernière fois tu m'as dit que je m'habillais comme une merde alors tu peux rêver.

    —  Roooh, t'es susceptible, pour une fille tu t'habilles mal mais sinon t'as des goûts cools.

    On me disait souvent que j'étais pas très féminine, voire pas du tout. Les gens me traitaient même parfois de tomboy. C'était à peine excessif mais je refusais de leur donner raison.

     — Je vois pas en quoi.

     — Tay, tu portes des bonnets en été et t'es plus masculine que la moitié de mes potes.

    — Alors d'abord les bonnets c'est confortable et excuses moi mais c'est pas très compliqué d'être plus virile que tes potes.  

      — C'est ce que je disais t'es susceptible.

    — Va chier Lucas.

    Il ricana et s'assit en tailleur avant de me fixer avec des yeux de chien battu. Je detestais quand il faisait ça, il me faisait de la peine.

    — Alors, tu m'aides ?

    — Dégage.

    + + +

    J'avais finalement cédé et étais actuellement entrain de fouiller dans le placard de mon frère, tentant, en vain de trouver un pantalon qui n'était pas un jean slim noir troué.

      — Mais c'est pas possible, t'as que ça ou quoi ? 

      — Non, j'ai des joggings aussi si tu veux.

    Je me massais les tempes, exaspérée par son comportement d'enfant et attrapai le seul jean qui n'avait pas de trous aux genoux avant de lui lancer à la figure. Je lui tendis ensuite un t-shirt blanc et ses doc martens bordeaux.

    Il s'habilla puis se posta devant son miroir avant de commencer à lancer des regards charmeurs à son reflet. Quel idiot.

    Puis, une fois totalement séduit par lui même, il se tourna vers moi et me lança avec un faux air surpris:

      — C'est vrai qu'on se ressemble pas du tout... Genre moi je suis super beau et toi t'es...

      — Ta gueule. 

    Il rit avant de s'avancer vers moi à grandes enjambées et m'attrapa les joues entre ses pouces et ses index.

    — J'déconne, t'es mignonne dans le genre "je suis une sauvage".

    — Gnagnagna, l'imitai-je en faisant une grimace.

    En réalité je detestais qu'on me compare à mon frère. Il était tout ce que je n'étais pas, beau, populaire et sûr de lui. Et même si je disais à qui voulait l'entendre que je préférais crever qu'être comme lui ça ne m'aurait pas vraiment déplu. Aux yeux de beaucoup de gens j'étais la pâle copie un peu rigolote du grand Lucas Robert Hemmings. Je sais pas si lui en était conscient. Surement pas, il était pas du genre observateur.

    + + +

    Naomi arriva à 20h00 pile et c'est Luke qui lui ouvrit la porte, persuadé que c'était ses potes. Mais non, ma meilleure amie était ponctuelle, ce qui n'était pas le cas des siens. De ma chambre j'entendis la voix horriblement mièvre de la métisse alors qu'elle s'adressait à mon frère, c'était hallucinant à quel point elle changeait du tout au tout face à lui, limite flippant. Deux minutes après elle débarqua dans ma chambre vêtue d'une petite robe noire et maquillée comme si elle allait à son bal de promo. A côté moi, mon short de pyjama et mon maillot de basket trop grand puisqu'appartenant à mon frère, on faisait vraiment tâche.

      — Euh, Nao, t'es au courant qu'on participe pas à la soirée ?

    Elle garda son grand sourire et répondit :

    — Ouais, j'avais juste envie de m'habiller un peu autrement.

    Elle avait clairement l'intention de s'incruster à la soirée.

    Elle s'installa sur mon lit en enlevant ses chaussures alors que j'attrapais mon ordinateur.

    — Alors, tu veux qu'on regarde quel film ? Demandais-je en démarrant internet.

    — Tout sauf Fight Club.

    — T'es nulle, c'est génial Fight Club ! Rétorquai-je en me renfrognant un peu.

    — La seule chose géniale dans Fight Club c'est Brad Pitt. 

    Je levai les yeux au ciel alors que Naomi commençait à taper le nom d'un film dans la barre de recherche Google.

      — Ah non hein ! Pas Grease ! On l'a déjà vu une centaine de fois, m'exclamais-je.

      — T'es toujours dans l'excès, et puis c'est déjà mieux que Fight Club, soupira-t'elle tandis qu'elle mettait le film en route. Maintenant chut.

    Je mimais un suicide au revolver alors que je me levai pour aller fermer la porte. Les invités de mon frère commençaient à arriver et je n'avais pas envie que des ados déchirés et bruyants entrent dans ma chambre.

    + + +

    Je crois que je me suis endormie au bout de 20 minutes du film. De toute façon je le connaissais par cœur et c'était pas vraiment une grande perte. A mon réveil il était 22h30 passées et Naomi n'était plus à côté de moi. Je lâchais un long soupir d'agacement avant m'allonger complètement sur mon lit. Ma meilleure amie était une traîtresse, elle était surement allée rejoindre la fête dès qu'elle fut sûre que j'étais endormie. Je n'avais pas envie de sortir de ma chambre et de me prendre la tête à aller la chercher: au fond c'était une grande fille, elle était libre de faire ce qu'elle voulait. 

    Je commençais à avoir une migraine pas possible, la musique qui émanait du salon était trop forte et je l'entendais bien trop distinctement, même avec la porte fermée. Et quand je pense que c'était grâce —ou à cause de moi que cette fête avait lieu ici. 

    Je tournais la tête vers mon ordinateur qui affichait toujours le site de streaming. Je lançais un petit regard à la porte de ma chambre fermée et attrapait la clé usb pikachu.

    C'était devenu presque un rituel à force.

    Je cliquais sur "mirage".

    "T'es le genre de fille qu'on voit dans les films, tu sais, le genre cheerleader qui sort avec un quaterback populaire mais un peu con. Sauf que tu n'est pas cheerleader et je ne suis pas un quaterback populaire. Par contre je dois être un peu con puisque je suis tombé amoureux de toi. Tout mes potes me charriaient avec ça au début, selon eux t'étais inaccessible, une sorte de fantasme et moi j'étais moi, je te regardais passer dans les couloirs et je fixais ton dos pendant les cours de maths. T'étais accessible comme un mirage et moi je saisissais pas trop ce concept. Alors c'est peut être pour ça que-"

    Je n'eus pas le temps de lire la suite que la porte de ma chambre s'ouvrit. J'eus juste le temps de retirer la clé usb et de fermer la page.

    C'était deux des amis de mon frère. Le chinois et le bouclé avec des fossettes mignonnes. J'arrivais jamais à retenir leurs noms.

    Il y eut un blanc pendant lequel ils me fixèrent et je les fixais en retour. Le bouclé, Ash ou quelque chose comme ça avait l'air un peu éméché et se mit à sourire comme un idiot avant de demander en entrant dans ma chambre:

      — T'es toute rouge, tu faisais quoi ?

    Je lisais des lettres d'amours qui ne sont pas pour moi.

    — Ça te concerne pas.

    — Tu regardais un porno ? Demanda t-il toujours en souriant.

     Mes joues devinrent encore plus rouges et je m'empressais de démentir en expliquant je me m'apprêtais à regarder Fight Club.

      — Ooooh, j'adore Fight Cluuuub moi aussi.

    Il s'avança encore un peu plus vers moi sous l'air ennuyé de son ami.

      — Ash laisse la tranquille, t'es complètement bourré, soupira ce dernier en s'adossant contre le cadre de ma porte.

    —  Mais moi aussi je veux regarder Fight Club, râla le fameux Ash avec une moue d'enfant.

    — Ouais mais Mini Hemmings aimerait finir de regarder son porno tranquille et là tu l'embêtes, expliqua l'asiatique en croisant les bras contre sa poitrine.

    Je froncais les sourcils et le détaillai rapidement avant de rétorquer:

      — M'appelles pas "Mini Hemmings".

      — Bah t'es une Hemmings et t'es petite alors je trouve que ça te va bien, répondit-il sarcastiquement. En soi ses paroles n'étaient pas méchantes mais son ton l'était. Il me prenait clairement de haut.

    Je lui lançais un sourire hypocrite alors que je bouillonnais intérieurement. Je n'étais pas d'excellente humeur à la base alors ce gars et son air d'imbécile prétentieux n'aidaient pas.

      — Ok, Ching Chong.

    Il sembla agacé une demie seconde et si son ami qui nous regardait comme des extraterrestres ne s'était pas mit à applaudir suite à ma remarque je n'aurais pas su que ça l'avait blessé.

    — Allez Ashton, on va aller voir des gens un peu plus agréables.

    — Rooh Cal t'es un rabat joie. Moi je l'aime bien Taylor.

    — C'est parce que t'es bourré c'est pour ça, répondit-il en lui attrapant le bras.

    C'était quoi son problème ? Ce gars était un enfoiré fini. Je levai mon majeur dans sa direction et il haussa les épaules avant sortir de la pièce avec son ami qui ne marchait pas droit. Juste avant que la porte ne claque, la voix de ce dernier raisonna une dernière fois:

      — T'inquiètes Taytay, je reviendrais et on regardera un porno tout les deux.

    — JE REGARDAIS PAS DE PORNO PUTAIN ! M'écriais-je les joues rouges. 

    Je m'écrasais contre mon matelas en soupirant, tentant de calmer mon cœur qui battait trop vite. Je ne savais pas vraiment si c'était parce que j'étais énervée, parce que je trouvais Ashton mignon ou parce que j'avais honte qu'on croie que j'étais entrain de regarder du porno.

    "aaargh", râlais-je avant d'enfouir ma tête dans mon oreiller.

    + + +

    2h24.

    J'avais faim. Au départ j'avais essayé d'ignorer les gargouillements de mon ventre mais ça me tordait l'estomac et m'empêchait de dormir. La musique était moins forte mais toujours présente et il semblait il y avoir moins de monde alors je me décidai à sortir de ma tanière.

    Je traversai ma chambre dans le noir et ouvrit doucement la porte. J'étais à moitié endormie et lachai un long bâillement avant de m'engager dans le couloir puis d'arriver dans le salon. 

    Effectivement il y avait beaucoup moins de monde, seule une quinzaine de personnes était entrain de danser dont Naomi qui se trémoussait, un verre à la main. Evidemment Luke n'était pas bien loin, occupé à sautiller comme un débile avec une fille qui se frottait à lui.

    Je me dirigeai vers la cuisine en essayant d'être discrète mais à peine entrée dans la pièce, une tornade aux cheveux roses m'agrippa les épaules. Une bouteille de bière dans une main, une part de pizza dans l'autre il m'adressa un grand sourire:

    — Taaaaaaylor.

    Un peu gênée je me reculais un peu avant de lui adresser la parole:

    — Joyeux anniversaire.  

    — Merci ! Tu viens danser avec moi ?  

    Est-ce que lui aussi était bourré ou juste gentil ? Je déclinai gentiment l'invitation en expliquant que je ne savais pas danser et que j'étais juste là pour prendre de la pizza.

    — C'est pas grave, je sais pas danser non plus ! Et si t'acceptes je te donne de la pizza.

    — C'est du chantage.

    — Oui. Mais c'est de la pizza.  

    Je levai les yeux au ciel en essayant de dissimuler mon amusement et me laissa faire lorsqu'il m'entraîna à sa suite dans mon salon, sa propre part de pizza dans la bouche. 

    Il plaça ses mains sur ma taille tandis que, ne sachant pas vraiment ou mettre les miennes, je les mis dans les poches de mon short. Ça fit rire le coloré qui, effectivement, dansait très mal et je me détendis un peu. 

    Alors que la chanson touchait à sa fin, je sentis deux grandes mains s'abattre sur mes épaules. Michael sourit et je me tournai vers mon frère comme par automatisme.

    — On dirait un épouvantail quand tu danses, rit mon aîné.

    — Tu peux parler, toi on dirait que tu fais une crise d'épilepsie, répliquai-je en haussant les épaules.

    Je me retournai vers le coloré qui fixait mon frère en gloussant et lui réclamai mon dû. Il s'absenta quelques secondes et revint avec une boite à pizza pleine que je m'empressai d'attraper.

    Je remerciai Michael et m'éclipsai dans ma chambre alors que mon frère et son ami se mettaient à danser —enfin plutôt à sautiller ensemble.

     


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  • Vendredi.

    D'habitude j'aimais bien le vendredi. Parce que "le vendredi c'est spaghettis" et parce que c'est le week end. Sauf que voilà, Lucas Robert Hemmings aka mon imbécile de frère qui a servit de brouillon a ma création avait fait rimé ce jour avec "super fête d'anniv de Mikey". Et je n'aimais pas les fêtes.

    Seul point positif de cette journée, je n'avais cours que le matin. 

    Encore un point négatif: j'avais histoire. 

    Alors que je m'enfonçais mollement dans ma chaise, une pile de feuilles attira mon attention sur le bureau de monsieur Benson. Mon arrêt de mort rédigé au stylo rouge. Derrière moi Naomi ne tenait pas en place, ayant vu les copies elle aussi: c'était facile pour elle, elle était brillante. Elle allait surement me sermonner en voyant ma note qui serait surement mauvaise, le lycée m'avait appris à ne pas me faire trop d'illusions là dessus.

      — Bon, déclara le professeur en passant une main dans ses cheveux poivre et sel, j'ai corrigé vos tests. Il y'a du bon mais beaucoup de moins bon.

    J'aurais juré qu'il m'avait lancé un regard en disant cela.

    Il distribua "nos chefs d'œuvres" et son regard s'illumina alors  qu'il se tournai vers ma meilleure amie.

      — Mademoiselle Etcheverry, dit-il en prenant son meilleur accent français, c'est excellent, votre problématique est vraiment intéressante et on voit que vous maîtrisez très bien le sujet.

    Je levai les yeux et fit un mouvement obscène avec ma langue pour montrer que cet homme était un suc- un lèche bottes mais me stoppai lorsqu'il prononça mon nom.

      — Mademoiselle Hemmings. La prochaine fois faites un geste pour la planète et ne gaspillez pas une feuille de l'encre pour écrire ça. 

    F.

    C'était peu.

    Mes parents allaient m'arracher la tête et Luke allait se foutre de ma gueule. Je fourrai ma copie dans mon sac et posai ma tête sur ma table, attendant que le cours passe. 

    + + +

    La cloche sonna enfin la fin de l'heure et je me précipitais dehors pour éviter mon enseignant qui voulait me parler. C'était sans compter sur Naomi, cette traitresse qui me tira par le bras pour me ramener dans la salle.

    Je lui marmonnais un petit "je te hais" avant qu'elle ne s'éclipse avec un grand sourire.

    Monsieur Benson se racla la gorge et sembla chercher ses mots.

      —  Je sais que c'est nul, vous pouvez être direct, j'ai l'habitude, râlai-je en soupirant, mentionnant mon devoir froissé au fond de mon sac à dos.

      — Oui c'est nul. Parfois je me demande même si vous assistez vraiment à mes cours.

    Un tact légendaire ce monsieur.

      — Mais avec d'autres professeurs on a discuté.

    Génial.

      — Et vu que tout le corps enseignant éprouve des difficultés avec vous, on s'est dit que ce serait pas mal que vous ayez un tuteur.

    Pas "tout le corps enseignant" quand même il exagère. Puis je tiltai. Un tuteur ?

    Je le regardai avec de grands yeux, pas vraiment sûre d'avoir compris. Mais si, c'était bien ce que j'avais entendu.

    Il fit entrer une fille. Jolie. Blonde aux yeux bleus, des jambes interminables, c'était moi en beaucoup mieux. Le genre de personne qui te fait douter de ta sexualité quand tu poses le regard sur elle.

    Monsieur Benson me la présenta mais je ne l'écoutai pas vraiment, pour changer, j'étais obnubilée par la déesse en face de moi. Elle allait finir par croire que j'étais lesbienne alors je me ressaisis lorsqu'elle me tendis la main. 

      — Tu peux m'appeler Emy, ou Em, comme tu veux.

    Même sa voix était mignonne.

     + + +  

      — Coucou ma chérie, ta matinée s'est bien passée ? Me questionna ma mère alors que je fermais la porte d'entré derrière moi.

    J'haussai les épaules, répondant un "comme d'hab" que je voulais convainquant, évitant de m'attarder sur le sujet. Ma mère était prof aussi mais heureusement pour moi, elle n'enseignait pas dans mon lycée donc lorsque j'avais de mauvaises notes elle ne le savait pas. En tout cas pas immédiatement.

      — Ton père rentre dans une heure, tu veux qu'on fasse quelque chose en attendant ? 

      — Hum, je comptais aller voir Ava, répondis-je depuis ma chambre.

      — Oh. Oui, d'accord. Passes lui le bonjour de ma part.

    J'aquiescai alors que ma génitrice ne pouvait pas me voir et attrapai la clé usb pikachu que je cachais sous le pot de la plante posée à côté de mon lit. Ava était une vielle dame de 87 ans qui habitait la maison en face de la mienne. Malgré nos 70 ans de différence, c'était l'une des personnes avec lesquelles j'aimais passer du temps parce que je savais qu'elle avait vécu trop choses pour me juger et que la majorité du temps elle me comprenait quand ce n'était pas le cas des autres. Et aussi triste que ça pouvait paraître, c'était rarement le cas des autres.

    Ma mère désespérait un peu que je passe la plupart de mon temps avec des gens âgés au détriment de personnes de ma génération. A part Naomi je n'avais pas vraiment d'amis de mon âge. Certes j'avais des connaissances que j'appréciais mais pour des raisons inconnues, ce n'était pas pareil. 

    Je sortis de chez moi rapidement, rabattant ma veste contre mon visage pour me proteger du vent et traversai la route, déserte à cette heure, qui me séparait de la petite maison aux volets rouges. Je toquais quatres coups lents à la porte, notre sorte de code, et la voix aiguë d'Ava O'Ryan m'intima d'entrer.

    Ce fut d'abord ses trois chats qui m'accueillir lorsque que je m'engouffrai dans le petit hall d'entrée: James, parce que la vielle dame était fan de James Dean, E.T., parce qu'elle adorait le film et Taylor. Ce dernier avait été nommé en mon honneur et c'était la raison pour laquelle il était mon préféré: certes il n'avait pas l'air malin et mangeait comme 4 mais selon sa maîtresse il était drôle et sensible, comme moi. Quand elle m'avait dit ça je m'étais mise à pleurer parce que j'étais touchée et avait ensuite répondu que je n'étais pas si sensible que ça.

    Je retirais ma veste et mes chaussures en caressant la tête des trois félins avant de me précipiter dans la pièce à vivre ou Ava m'attendait. Elle m'adressa un grand sourire et me fit signe de m'installer sur le fauteuil en face du sien. J'avais passé tellement temps assise dans ce fauteuil que l'assise avait la marque de mes fesses. 

      — Comment ça va ? Lui demandai-je en attrapant le paquet de cookies sous la table basse.

    Elle haussa les épaules avant de répondre:

     — Mon fils est passé hier matin, il m'a parlé d'un complexe pour retraités ou quelque chose comme ça. La brochure est sur la table du salon si tu veux.

    Je fronçai les sourcils avant d'attraper le dit prospectus et de me rasseoir. Une maison de retraite. Le papier présentait des vieux qui souriaient avec des infirmières qui avaient l'air de vivre leur meilleure vie dans un décor d'hôpital.  

      — Et vous lui avez dit que ça ne vous intéresse pas ?

      — Bien sûr mais cet imbécile croit que je suis folle alors il ne prend pas vraiment compte de ce que je dis et me parle comme si j'avais 5 ans. Je suis vielle, pas débile, déclara t-elle avec agacement.

    J'eus un petit rire, les yeux toujours rivés sur la brochure. 

      — Et puis je pense qu'on ne vous accepterait pas là bas, déclarais-je en prenant un cookie.

     — Pourquoi ?

      — Au bout d'une semaine les aide soignantes en auraient marre de vous.

    Elle leva les yeux au ciel mais sourit tout de même:

     — Petite insolente. 

      —  Et puis moi j'accepterais pas non plus que vous partiez, marmonnai-je assez fort pour qu'elle m'entende.

     Elle eu un air attendrit et se pencha pour serrer mes doigts dans sa main chaude.

     Son fils était un idiot qui voulait récupérer sa maison, son mari était mort il y'a dix ans alors j'avais l'impression qu'elle avait besoin de moi. Et j'aimais ça, j'aimais me dire que je pouvais être la raison de son sourire édenté alors que sa vie était souvent triste et hors de ma portée. Ça me faisait me sentir importante pour quelqu'un.

      — Et toi alors, comment ça va ? 

    J'haussai les épaules, ne sachant pas vraiment par où commencer. Mes notes de merdes, mon incapacité à être sociable, mes interrogations stupides ou la clé usb pikachu que j'avais dans la poche. Cette dernière option me semblait la bonne alors je me penchais vers elle et déclara comme un secret:

     — Y'a pas longtemps j'ai trouvé une clé usb dans une boîte d'objets trouvés. Je ne sais pas vraiment à qui elle est mais à l'interieur y'a des lettres dignes de Shakespeare.

    Je savais bien qu'elle ne savait pas vraiment ce qu'était une clé usb alors je sortis le petit objet de ma poche pour lui montrer. 

     — Oh, je le connais lui, je t'avais offert une peluche comme ça pour tes 7 ans, s'exclama t-elle en désignant le Pokémon.

    J'hochais la tête en souriant, amusée qu'elle s'en souvienne et me levai pour aller chercher son ordinateur portable.

    Elle s'en servait rarement, seulement quand j'étais là pour qu'on regarde des films ensemble et encore, c'était souvent moi qui l'utilisait. Je le démarrais et insérais la clé dans le port.

    Le dossier "mots pour elles" s'ouvrit.

     — Choisissez un mot parmi ceux là.

    Elle plissa les yeux et s'approcha de l'écran avant de répondre 'attentions'. Je cliquai et commençai à lire à voix haute sous l'oreille attentive d'Ava qui s'était réinstallée convenablement dans son fauteuil.

    "Tout à l'heure en faisant le tri dans mes affaires j'ai retrouvé une boîte à chaussures avec des dizaines d'avions en papiers à l'intérieur. Tu te souviens des avions en papiers ? C'était le seul pliage que je savais faire et encore, les miens ne volaient pas vraiment. Je les ai dépliés, sachant pertinemment que ce n'était pas l'extérieur qui était le plus intéressant. C'est jamais l'extérieur qui devrait compter, c'est toi qui m'a appris ça, un peu malgré toi. 

    J'ai passé plusieurs heures à lire et à relire ces foutus avions en papier sur lesquels je t'écrivais des petites attentions presque tout les jours. "T'es jolie aujourd'hui, t'es toujours jolie", "pourquoi tu souris pas, ça te va si bien?", "t'es formidable", "j'ai de la chance de t'avoir", "tu me pousses à être une meilleure version de moi même", "je t'aime". Et toi tu souriais quand tu les lisais et tu répondais "moi aussi j'ai de la chance de t'avoir", "je t'aime aussi". Et j'étais le garçon le plus heureux du monde. 

    Sauf qu'aujourd'hui ça m'a fait mal de les relire. Déjà parce qu'enfaite c'était super niais mais surtout parce que ces avions en papier faisaient toujours le même trajet: de moi à toi, une petite escale le temps que tu répondes, puis de toi à moi, tu me renvoyais mes sentiments et mes avions qui volaient mal à la figure sans jamais que tu en soit à l'origine. Peut être que je dramatise. Peut être que c'est juste des mots sur des bouts de papier. Mais pour moi c'était tellement plus que ça. Ça à toujours été plus que ça. Au fond peut être que je devrais les brûler.

    Oui, je pense que vais faire ça.

    De toute façon j'aime pas les avions, je préfère les bateaux.

    Sincèrement mélancolique,

    XXX.

    Je relevai la tête de l'écran et demandai silencieusement son avis à Ava.

      — J'arrive pas à savoir si je trouve ça tristement joli ou joliment triste, déclara t-elle après s'être raclé la gorge.

    J'haussai les épaules, ne sachant pas vraiment non plus. C'était bizarre de partager les lettres d'un inconnu pour une inconnue à quelqu'un d'autre. 

     — Rassures, c'est pas toi la grognasse pour qui ça a été écrit ? Me demanda t-elle sévèrement.

      — Non c'est pas moi. Je lis des mots qui me sont pas destinés. Et je sais que c'est pas bien mais plus je les lis plus j'ai envie de les lires et moins je comprends pourquoi la fille à plaqué celui qui a écrit ça.

     — Et tu n'as aucune idée de qui il s'agit ?

     — Non. D'un côté je meurs d'envie de savoir mais de l'autre non. 

     — Pourquoi ? 

    — Je sais pas vraiment. J'ai l'impression de me sentir un peu trop concernée par tout ça alors que je ne le suis absolument pas. Et puis, on m'a jamais dit ou écrit ce genre de chose à moi. On m'a jamais prêté autant d'attention alors... c'est bizarre.

      — Moi je te prête de l'attention pourtant.

     — Vous pourriez être ma grand-mère, c'est différent. Lui...

    Elle hocha la tête.

      — Tant que tu ne sais pas qui est l'auteur de tout ça je pense que ce n'est pas malsain. Vois ça comme une sorte de film romantique et dit toi que c'est fictif comme ça tu ne seras pas trop touchée.

     — Et si je découvre qui c'est ?

      — Il n'y a pas de raison, ce sera un secret entre nous deux.


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  • Effectivement j'étais dans la merde pour mon devoir d'histoire : ça m'a sauté aux yeux lorsque le prof à posé le test sur ma table. "La guerre de Corée et ses conséquences". Alors le prof finissait de distribuer les feuilles, je me tournai rapidement vers Naomi:

    - Y'a eu une guerre en Corée ?

    Elle me regarda avec sévérité avant de chuchoter rapidement :

    - 1950 - 1953 : Corée du sud contre Corée du nord, le sud était soutenu par les aillés.

    Alors que j'allais lui demander qui étaient les alliés, Monsieur Benson annonça le début du test et je dus me retourner.

    Je ne savais pas non plus qui avait gagné cette foutue guerre alors j'expliquais rapidement que la Corée était sortie victorieuse. Peut être que ça pouvait passer. J'avais passé deux heures à écrire des informations basiques et carrément logiques comme par exemple : "il y eu beaucoup de morts et les deux pays furent un peu détruits". Je me voyais déjà au chômage et à la rue, j'étais complémentent désespérée. J'essayai même de prier alors que j'étais athée, espérant une réponse ou un illumination de n'importe quelle divinité mais rien ne vint. Non,j'allais définitivement avoir une note de merde.

    La sonnerie annonçant la fin des cours abrégea finalement mon calvaire et Naomi, qui bien sûr avait réussi brillamment son test me demanda comment le mien s'était passé.

    — Hum, il s'est passé.

    — Non sérieusement Tay ?

    — Je me suis super appliquée pour écrire, j'espère qu'il en tiendra compte.

    La métisse face à moi laissa échapper un soupir de désespoir alors qu'on sortait de notre salle de torture : Naomi était le genre de fille brillante pour qui tout est inné : elle avait beaucoup de mal à comprendre que les études pouvaient être un calvaire pour des gens. Comme moi par exemple. Elle avait maintes et maintes fois essayé de m'aider en me donnant des cours de soutien dans les matières dans lesquelles j'avais du mal -c'est à dire presque toutes, mais ma meilleure amie était dotée d'une patience négative et ça finissait par nous énerver toutes les deux.

    Pourtant je savais que j'étais loin d'être stupide. J'veux dire, les gens ont différentes formes d'intelligence, je n'avais juste pas encore trouvé la mienne. Ou alors si ça se trouve j'étais vraiment bête et ma plus grande bêtise était d'être persuadée du contraire ? Les gens les plus stupides ne savent pas qu'ils le sont, c'est comme pour les jolies filles. Non, ce genre de réflexions demandaient un minimum d'intelligence.

    Je déposai mes cahiers dans mon casier avant de me diriger d'un pas rapide vers la cafétéria, mon havre de paix dans l'enfer que représentait mon lycée.

    Une fois installée en face de ma meilleure amie, celle-ci se mit à me raconter ses plans pour le week-end alors que je ne l'écoutais que d'une oreille distraite: pas que ce qu'elle disait ne m'intéressais pas, non c'était une discussion comme une autre, j'étais juste trop concentrée sur mon assiette pour participer activement. Et ça aurait pu durer longtemps si deux grandes mains ne s'étaient pas poser brusquement sur mes épaules, me faisant sursauter et faisant sourire Naomi.

    — Comment va ma sœur préférée ?

    — Je suis ta seule sœur Luke. Qu'est-ce que tu veux ? Demandai-je en me retournant vers mon grand frère.

    Il se tenait debout derrière moi avec un sourire hypocrite, ses yeux bleus, les mêmes que les miens, me fixant d'un air rieur. Il ne m'adressait jamais la parole au lycée, d'ailleurs certaines personnes ignoraient même qu'on était de la même famille alors il devait forcément avoir quelque chose à me demander pour venir me voir.

    — Bah t'sais c'est l'anniversaire de Michael vendredi et on a le prévu de le fêter à la maison.

    — Et vu que t'as pas de couilles t'oses pas demander aux parents, c'est ça ?

    Sa mâchoire se crispa alors que ses trois meilleurs amis pouffaient de rire derrière lui. J'avais raison, il voulait que je demande à sa place, sinon il ne m'aurait pas laissé piétiner sa fierté sans rien dire.

    — Ok mais Nao vient aussi, soupirais-je en capitulant.

    — Si tu veux, merci Taytay.

    Je détestais ce surnom, c'était aussi ridicule que c'était niais.

    — De rien, Lucas.

    Il avait horreur qu'on l'appelle par son vrai prénom: c'était la raison pour laquelle je prenais un malin plaisir à le faire.

    Mon frère m'adressa un doigt en retournant vers ses amis qui me remercièrent avec un grand sourire. Surtout Michael, un grand punk aux cheveux actuellement roses qui n'avait de rebelle que l'appellation: en même temps il avait intérêt à me dire merci puisque j'allais sauver sa soirée d'anniversaire.

    Une fois les quatre mousquetaires hors de notre champ de vision, Naomi laissa échapper un petit cri aigu :

    — Mon dieu Taylor, tu sais que je t'aime ?

    — J'ai pas fais ça pour que tu passes la soirée avec mon frère, tu dois me tenir compagnie.

    Ma meilleure amie n'avait d'yeux que pour Luke et parfois c'était vraiment agaçant : lorsqu'elle ne parlait pas d'études, elle parlait de lui sauf que, malheureusement pour elle, il ne semblait pas vraiment réceptif à ses tentatives pour attirer son attention. Naomi n'était juste pas son genre de fille -même si il n'était pas dit qu'il en ait un, mais je n'avais pas eu le courage de lui dire.

    Elle acquiesça, un peu déçue, mas sans pour autant ôter son grand sourire de son visage d'ange.

    + + +

    Je me sentais encore coupable à l'idée de lire des mots qui ne m'étaient pas destinés mais, encore une fois, j'ouvris quand même l'un des documents word que contenait la clé usb. Celui ci s'appelait "arguments" et était un peu plus court que le premier que j'avais lu.

    "Tu m'as quitté aujourd'hui. Entre le cours de géographie et le cours de sport, devant tes idiotes de copines qui nous fixaient avec leur faux airs surpris. Tu m'as dit qu'on était pas fait l'un pour l'autre et que tu préférais t'arrêter là avant de me faire du mal. Trop tard, tu venais d'arracher mon cœur et de le jeter à tes pieds. Ton petit sourire désolé sonnait aussi mal que tes arguments pré-fabriqués. 'Je te mérites pas, t'es trop bien pour moi, j'espères que tu trouveras quelqu'un d'autre qui t'aimeras autant que tu dois l'être, j'aurais aimé être cette personne.' Un joli ramassis de connerie sorti de la bouche d'une jolie fille. Le pire dans tout ça c'est que j'ai l'impression que c'est de ma faute, que c'est moi qui n'étais pas assez bien pour toi. J'avais toujours l'impression que je te méritais pas, j'veux dire, t'es une vraie bombe et moi je suis juste un imbécile qui se fait charrier par ses potes parce qu'il est amoureux. Parce que oui, j'étais amoureux. Je suis amoureux enfaite parce que je pense que c'est pas le genre de truc qui guérit en à peine dix heures... C'est ridicule, je parle de ça comme si c'était une maladie. Quoique oui, puisque t'aimer est nocif. Je crois que je l'ai toujours su, j'avais toujours l'impression que je tenais plus à toi que tu ne tenais à moi et pourtant ça m'empêchait pas de rester. T'es une sorte de putain de rhume qui s'est transformé en embolie pulmonaire et moi je suis un putain asthmatique. J'ai envie de te dire que je te déteste, que t'es la pire des connasses et que je ne veux plus jamais t'adresser la parole mais je sais que si tu reviens je te retomberais dans les bras. En attendant je crois que je vais noyer ma crise d'asthme dans de la glace et de la vodka.

    Sincèrement déprimé,

    XXX"

    Je ne savais pas vraiment si c'était la fatigue ou la tristesse de ses mots mais les larmes s'étaient misent à couler abondamment sur mes joues. J'avais vraiment l'impression d'être devant une tragédie romantique et chaque phrase était, même quand il y avait des insultes, plus jolie mais plus triste que la précédente.

    Alors que j'étais entrain de relire une deuxième fois la "lettre", mon téléphone vibra à côté de moi.

    de "lucas le débile" à moi :

    "yo sœurette, t'as demandé aux parents ?"

    C'est clair que ce n'était pas mon frère et ses "yo" qui allait écrire des mots dignes d'un roman de John Green à la fille qu'il aime. Ni lui ni ses idiots d'amis.

    Je soupirais en me levant: j'avais dis que je le ferais et même si ça m'emmerdait, je n'étais pas le genre à ne pas respecter mes engagements.

    Mes parents étaient avachis comme des ados sur le canapé du salon entrain de regarder les infos. Lorsqu'elle me vit, ma mère fronça les sourcils et me demanda d'une mine inquiète:

    — Ça va ma chérie ? T'as pleuré ?

    Alors que je m'apprêtais à la rassurer sur la cause de mes larmes, une idée de génie germa dans mon esprit:

    — T'inquiètes pas c'est rien, c'est juste que c'est compliqué au lycée en ce moment. 

    Ce n'était pas plus compliqué que d'habitude, à part mes mauvais résultats, tout allait bien.

    — Oh ma belle, tu sais tu peux nous en parler, déclara mon père en se redressant.

    — J'ai plutôt besoin de me vider la tête enfaite, du coup Luke m'a proposé de faire une petite fête, un p'tit truc hein, vendredi soir. 

    Ma génitrice fronça les sourcils et demanda :

    — Il y'aura qui ?

    — La bande d'attardés de Luke et cinq ou six autres personnes.

    Mensonge mensonge mensonge: il avait prévu d'inviter la moitié de sa promo. Voyant que ma mère n'était pas vraiment convaincue, je sortis ma carte joker, mon argument infaillible, ma bombe nucléaire:

    — Et Naomi. 

    Boom.

    Naomi était une sorte de réincarnation d'Einstein et de Gandhi dans le même corps selon mes parents alors ils ne tardèrent pas à céder, m'expliquant qu'ils allaient en profiter pour partir en week-end chez des amis. Ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient, tant qu'ils n'étaient pas là ça m'allait. Je les remerciais avec un grand sourire et montai les escaliers quatre à quatre pour aller prévenir mon frère que j'avais réussi ma mission. Avant d'entrer dans sa tanière je séchais le reste de mes larmes.

    Il était allongé sur son lit et pianotait sur son téléphone. Il leva sa tête blonde vers moi et m'adressa son sourire d'imbécile heureux:

    — Alors ?

    — C'est bon.

    Il se laissa tomber sur son matelas en levant le poing en signe de victoire.

    — Merci, t'es cool quand tu veux. Mike va être super content.

    Je ne savais pourquoi je faisais ça pour lui, rendre "Mike" "super content" m'importait peu et je n'étais pas une fêtarde de la première heure, loin de là. Alors la raison pour laquelle je sacrifiais le calme de mon vendredi soir m'échappait totalement mais le sourire stupide de mon frère, alors qu'il était surement entrain d'annoncer la réussite de l'opération à ses amis encore plus stupides, le valait bien.


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